Être détaché ou ne pas l’être ?

Bonsoir à tous et bienvenue sur mon blog. Malheureusement, le mois dernier, je n’ai pas pu publier d’articles car j’étais débordée par des problèmes médicaux et par mon travail. Mais je suis de retour aujourd’hui, très enthousiaste à l’idée de partager avec vous un nouvel article.

Je suis tombée sur un tweet dans lequel l’auteur expliquait comment la vie lui enseignait actuellement la « Loi du détachement », soulignant la nécessité d’être à l’aise avec tous les tournants de la vie sans attachement. Ce tweet a trouvé un écho profond en moi, surtout en considérant sa pertinence par rapport à l’expérience de chaque Haïtien à l’heure actuelle. Nous ne reconnaissons pas assez ouvertement à quel point nous sommes affectés par tous ces gens qui quittent le pays ainsi que par les pertes que nous avons subies, y compris les vies perdues au fil des ans. Cette réflexion m’a profondément marquée, ce qui m’a conduit à écrire et à partager cet article avec vous aujourd’hui.

Qu’est-ce que la « Loi du détachement » ?

« La “Loi du détachement” fait généralement référence à un principe philosophique ou spirituel qui implique la pratique de laisser tomber les attachements ou les désirs afin d’atteindre la paix intérieure, le contentement et l’absence de souffrance.»

« En d’autres termes, vous devez vous détacher des résultats potentiels et croire que tout finira par s’arranger. »  [1]

« Le détachement vient d’une connaissance intérieure que nous sommes un modèle de comportement d’une intelligence supérieure. Lorsque les choses ne semblent pas se dérouler comme nous le souhaitons, nous pouvons abandonner notre idée de la façon dont les choses devraient être. »  [2]

Récemment quatre personnes très proches de moi ont quitté le pays, et cela s’est produit en un clin d’œil, me prenant au dépourvu. Je savais qu’ils finiraient par partir un jour, mais je ne pensais pas que ce serait de si tôt. La nouvelle est tombée du jour au lendemain et je n’ai pas eu le temps de l’assimiler. Ce n’est qu’après qu’ils aient pris leur vol que la réalité s’est imposée à moi et que j’ai réalisé que je ne les reverrais pas de sitôt. La prise de conscience a été douloureuse et j’ai ressenti un mélange de différentes émotions en même temps. Même si j’aimerais pouvoir lâcher prise et passer à autre chose rapidement, cela s’avère être un processus difficile.

La situation actuelle du pays ne détruit pas seulement nos rêves en tant que jeunes, mais aussi nos amitiés, nos relations et surtout nos familles. Bien que nous soyons encore en vie, nous avons perdu presque tout ce qui nous était cher. Lorsque j’étais au secondaire, j’étais ambitieuse, j’avais de grands rêves non seulement pour moi, mais aussi des rêves partagés avec mon groupe d’amies. Certaines d’entre elles ont dû partir pour poursuivre leurs études à l’étranger, tandis que quelques-unes d’entre nous sont restées, tout en gardant l’espoir que celles qui étaient parties reviendraient un jour. Quelques années plus tard, seulement deux d’entre elles étaient encore là et pendant que j’écris cet article, je viens d’apprendre que dans peu de temps je serai là seule à rester au pays.

En tant que jeunes, comment cela nous affecte-t-il ?

Tout d’abord, les gens n’annoncent plus quand ils partent, sauf si vous êtes de la famille. La plupart d’entre eux doivent être extrêmement prudents et partir discrètement pour assurer leur sécurité. Donc maintenant, lorsque quelqu’un vous annonce qu’il a quitté le pays, il s’est déjà installé dans un pays étranger et vous avez complètement raté l’occasion de le voir une dernière fois. Certains de mes amis sont partis vivre dans des villes que je ne pense même pas visiter un jour, ce qui me brise le cœur. Quand on y pense, même s’ils nous auraient annoncé qu’ils partaient, qu’aurions-nous pu faire ? Il n’y a pas grand-chose à faire à part aller au restaurant et même cela n’est pas prudent pour eux et pour nous non plus.

En grandissant, la plupart des parents répétaient souvent que nous aurions tout le temps de profiter de la vie et que nous devrions nous concentrer uniquement sur nos études. C’est ce que certains d’entre nous ont fait, moi y compris. Ok, et maintenant ? Actuellement nous essayons seulement de survivre, pas de plaisir possible. Alors que faire ? Se faire de nouveaux amis et commencer à nouer de nouvelles relations ? Mais comment ? Il est pratiquement impossible de socialiser maintenant, car on ne peut rencontrer des gens qu’au travail ou au supermarché. Le pire, c’est que j’ai l’impression que 90 % des gens de mon âge ont déjà quitté le pays ou s’apprêtent à le faire.

Quant aux parents, il y a d’une part ceux qui ont dû se séparer de leurs jeunes enfants, sachant qu’ils ne pourront pas les éduquer correctement comme ils le voudraient, et d’autre part ceux qui vieillissent et n’ont pas d’enfants près d’eux pour les soutenir ; je ne peux même pas faire semblant d’imaginer leur souffrance.

De nos jours, il devient de plus en plus difficile de rester en contact avec ses amis lorsqu’ils sont à l’étranger. Même si nous avons la chance de disposer d’Internet et d’une connectivité, tout le monde est occupé et chacun essaye de commencer leur nouvelle vie et nous devons garder à l’esprit que c’est également une expérience assez difficile pour eux. Parfois, je me dis que je dois respecter le fait qu’ils veulent probablement rester seuls et que je dois éviter de leur envoyer des messages ou les appeler. Honnêtement, toutes ces expériences différentes ont un impact sur notre mental. Se lever chaque matin et réaliser que vos objectifs et vos projets ont été anéantis et que vous n’avez plus votre système de soutien n’est pas pour les faibles.

Certaines familles sont aujourd’hui complètement éclatées, car chaque membre vit désormais dans un autre pays ou un autre État. Oui, nous savons que c’est pour le mieux, mais cela n’empêche pas la douleur qui en découle, la boule dans la poitrine lorsqu’on pense à un avenir incertain. Jusqu’à quand mon Dieu?

Si vous avez pris la décision de rester ici malgré tout, c’est plus qu’un acte de foi. C’est comme si vous aviez décidé volontairement de sauter d’une falaise, tout en sachant que vous avez plus de chances de mourir que d’être miraculeusement secouru(e) par un parachutiste. Même si vous voulez être optimiste et garder la foi, actuellement il n’y a même pas un brin de lumière au bout du tunnel. C’est comme si on essaye d’être fort(e) mais qu’on se perd lentement dans le processus.

En fin de compte, le plus difficile est d’appliquer les principes du détachement dans la situation terrible que nous vivons. Cela implique de multiples aspects, comme la recherche d’un équilibre entre l’acceptation des épreuves et la mise en œuvre d’actions positives pour préserver notre tranquillité d’esprit.

Dans le but de mettre en pratique la Loi du détachement, je suggérerais ces quelques conseils :

  1. Acceptez tout pour ce que c’est, et lâcher la bride sur les choses que vous ne pouvez pas contrôler ;
  2. Il est normal de ressentir des émotions, mais ne vous perdez pas à essayer d’en comprendre les raisons ;
  3. Ne vous attachez pas trop, tout peut arriver en un clin d’œil ;
  4. Soyez ouvert(e) aux changements ;
  5. Arrêtez de trop réfléchir et d’essayer de trouver une issue différente…

Apprendre à se détacher des émotions et des sentiments peut s’avérer difficile, surtout si l’on est quelqu’un qui pense constamment à l’avenir et qui désire toujours quelque chose qui n’est pas forcément vraie. – Charlotte Dawson

Auteur Inconnu

La situation ne changera peut-être pas de sitôt, mais nous pouvons changer notre façon de l’aborder ! N’oubliez pas que le fait d’appliquer la Loi du détachement ne signifie pas d’être indifférent(e) ou apathique. Il s’agit de trouver un équilibre entre reconnaître la réalité et maintenir un état intérieur calme pour faire face aux défis avec succès. En cultivant ainsi un sentiment de détachement, nous pourrons aborder les situations éprouvantes avec plus de clarté et de résilience.

C’est tout ce que j’ai pour aujourd’hui. Merci encore d’être toujours présent(e)s pour lire mes articles. En attendant la prochaine publication, restez en sécurité et soyez béni(e)s… toujours !

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