Ce qu’il faut éviter de dire à un jeune vivant en Haïti en ce moment

Hello tout le monde et bienvenueeeeeeeeeeeeeee sur Karo’s little corner. Ça fait un bail. Il s’est passé beaucoup de choses; J’avais besoin d’une pause, et honnêtement, j’avais envie de tout arrêter. Heureusement, certains de mes incroyables lecteurs ne m’ont pas abandonnée. Ils m’ont encouragée à recommencer et je ne pouvais pas les laisser tomber. Je suis super contente et très excitée pour cette nouvelle saison. Bouclez votre ceinture, car nous savons que Karo ne joue pas😉 !!!

Comme certains d’entre vous le savent déjà, ces derniers mois ont été extrêmement difficiles. C’était un mélange de douleurs et de peines. Tout a commencé avec l’enlèvement d’un membre de ma famille, puis la perte tragique, il y a quelques semaines, d’une de mes camarades du secondaire, une fille super gentille et appréciée de tous. Parfois, je me demande comment j’arrive encore à garder une certaine stabilité émotionnelle.

Mon dernier article était un cri de désespoir, un appel à l’aide. A travers mes mots, j’ai essayé de décrire ce que les jeunes de ma génération ressentent par rapport à la situation du pays. Aujourd’hui, une fois de plus, je vais parler de quelque chose qui nous tracasse tous.

Avant d’écrire cet article, j’ai demandé à quelques jeunes de mon entourage de me faire part d’un ensemble de commentaires faits par des gens qui vivent à l’étranger et qui, d’une façon ou d’une autre les ont dérangés. Je partage ci-dessous certaines des réponses que j’ai reçues.

Ce qu’il faut éviter de dire à un jeune vivant en Haïti en ce moment :

“ Sa w ap fè nan peyi sa toujou?

“ Ou gen viza, m pa konn poukisa ou pa vle jete w”

“ M telman kontan ke m te kite peyi sa.”

“ M pa gendwa janm tounen nan peyi sa ankò.”

“Afè w ki bon wi ki fè ou poko vle ale.”

“ Lè w kite peyi sa a, w ap wè w nan paradi.”

“ M vrèman pa ka konprann kòman w fè aksepte viv nan kondisyon sa yo.”

“ Bon poukisa w ap sòti? Ou pa ka rete lakay ou?”

“Definitivman ou genlè gen kontak ak moun k ap bay pwoblèm yo [bandi], se sa k fè w alèz konsa.”

Chacune des phrases que j’ai mentionnées ci-dessus affecte notre santé mentale car elle s’ajoute au niveau de stress que nous ressentons déjà. A chaque fois qu’on me demande pourquoi je suis encore en Haïti, ça me dérange parce que je n’ai certainement pas de réponse à cette question. Peu importe ma réponse, elle ne sera jamais valable ou satisfaisante.

Nous sommes finalement arrivés à ce stade où tout le monde est désespéré et confus. Chaque jour, on nous annonce que quelqu’un quitte le pays, que ce soit un(e) ami(e), un collègue ou une simple connaissance. Peu importe à quel point nous sommes heureux et excités pour eux, cette nouvelle laisse toujours un sentiment doux-amer. Personnellement, j’ai vraiment l’impression que ce pays détruit non seulement tous mes rêves, mais il m’arrache également des gens que j’ai appris à connaître et à apprécier.

À toutes les questions et commentaires mentionnés ci-dessus, nous n’avons certainement pas de réponse. Une chose est sûre : nous n’aurons pas tous la chance de partir. Il existe actuellement différents groupes de personnes en Haïti : Tout d’abord il y a celles qui veulent partir mais n’ont pas les moyens, puis celles (moi y compris) qui ne veulent tout simplement pas quitter leur maison et leur famille pour aller s’installer ailleurs, là où elles ne connaissent personne. Certaines personnes préfèrent rester ici et mourir au lieu de partir, tandis que d’autres ne peuvent pas s’imaginer vivre dans un autre pays. Et finalement, nous avons ceux et celles qui croient encore en un meilleur lendemain, une nouvelle Haïti.

Je faisais partie, à une époque, de ceux/celles qui croyaient que la situation ne pouvait pas empirer, qu’un jour le pays serait à nouveau « vivable ». Peut-être y a-t-il encore de l’espoir, mais pour l’instant, je me concentre uniquement sur le présent et je vis au jour le jour, profitant de chaque instant et en vivant une vie digne d’être vécue. À ce stade, vivre en Haïti, c’est comme se réveiller tous les jours et accepter que c’est peut-être notre dernier sur terre.

En définitive, nous savons tous à quel point la situation est grave et nous ne savons pas si elle s’améliorera un jour. La seule chose dont nous avons besoin est un soutien émotionnel. Donc, au lieu de nous reprocher de vivre une vie que nous n’avons certainement pas choisie, essayez d’être plus soucieux des sentiments et émotions qui s’accumulent en nous. On ne parle pas vraiment de santé mentale dans notre société, donc si vous pouvez offrir une oreille ou tout type de soutien émotionnel, ce sera avec plaisir apprécié.

C’est tout ce que j’ai pour aujourd’hui ! Merci de me rester fidèles après tout ce temps ! Un petit coucou à mon amie qui vient de lancer son blog @bloombyMR, je vous prie de lui montrer également votre soutien en visitant son blog. Je vous mets le lien en dessous. En attendant la prochaine publication, restez en sécurité et soyez bénis… toujours !!!❤️ Je vous aime tous!

https://bloombymr.wordpress.com/

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