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L’histoire d’un homme extraordinaire

Hello, hello et bienvenue sur Karo’s little corner. J’espère que tout le monde se porte bien et que vous êtes impatients de lire un autre de mes textes.

Comme vous le savez déjà, j’ai récemment perdu deux personnes qui m’étaient très proches et très chères. Deux évènements complètement inattendus et difficiles à digérer. Comment peut-on faire le deuil de deux personnes en même temps ? J’essaie chaque jour sans succès, de trouver la réponse à cette question, mais je sais que je dois rester forte, non seulement pour moi, mais aussi pour ma famille. C’est pourquoi j’ai décidé de ne pas prendre une longue pause sur mon blog cette fois-ci.

Il y a quelques semaines, alors que j’étais dans un de ces moments de détresse, une amie m’a posé cette question : “Qu’est-ce que tu aimais le plus chez lui ?”, j’avais mille façons de lui répondre, mais j’ai décidé de rester brève. Aujourd’hui, je vais utiliser cet article pour raconter une histoire d’amour et de complicité entre une toute petite personne et quelqu’un qui l’aimait tendrement.

Le début d’une belle histoire …

9ème enfant d’une famille paysanne de 10 enfants, il était le plus joyeux et le plus comique de tous. J’ai rencontré cet homme le 9 décembre 1997, 6 heures après avoir ouvert les yeux pour la première fois dans ce monde. Persuadé que j’étais un garçon, il a été l’une des premières personnes à arriver à l’hôpital. Il était loin de se douter qu’il allait rencontrer une toute petite personne, une petite fille, avec laquelle il allait vivre une complicité sans précédente.

Sur cette photo il y a deux anges.

Les trajets en voiture…

Jusqu’à sa mort, beaucoup de gens, en particulier mes professeurs et camarades de classe, ont toujours pensé qu’il était mon père. Il disait souvent que je lui ressemblais. Depuis mes premiers mois à l’école maternelle, je me rendais à l’école et je rentrais de l’école avec lui. Je me souviens encore de ces matins là, alors que ma mère me coiffait pour me préparer pour l’école, dès que je l’entendais démarrer le moteur de sa voiture, je me mettais à pleurer parce que je n’étais pas encore prête et j’avais peur qu’il parte sans moi. Je suis sûre que je savais au fond de moi qu’il ne partirait jamais, mais je ne voulais aller à l’école avec personne d’autre que lui, d’autant plus qu’on était plusieurs cousins/cousines dans la même école et qu’on y allait tous ensemble. Jusqu’à ce que je devienne adulte et que je commence à travailler, il suffisait uniquement d’un message Whatsapp pour qu’il vienne me chercher. Avec lui, les trajets étaient toujours amusants, on riait et on parlait de mille et une chose. Même lorsque la situation se compliquait et que nous vivions un véritable cauchemar en essayant de rentrer à la maison, il balançait toujours une blague et faisait baisser la pression.

Le premier boulot…

En 3ème ou 4ème année fondamentale, mon frère aîné Carl m’a initiée à l’informatique. Etant étudiant en informatique à l’époque, mon frère venait d’acheter un ordinateur de bureau et s’est assuré de m’enseigner les B.A.-ba de Windows et de Microsoft Office. C’est rapidement devenu un hobby, j’adorais taper et je tapais tout. Dieu merci, nous n’avions pas d’imprimante à cette époque, sinon la facture d’électricité aurait été plus élevée que le mont Everest. La première fois qu’il m’a confié une tâche, c’était pour taper des devis pour son entreprise. Il écrivait les informations essentielles sur un morceau de papier et me donnait les instructions. J’ai pris plaisir à le faire, car j’adore taper mais je ne savais pas que j’allais être payée. Je me souviens de la première fois où j’ai reçu mon premier paiement, un billet de 250 HTG. J’étais tellement excitée que je me sentais comme la petite fille la plus riche du monde. Ce jour-là, je me suis jurée que lorsque je commencerais à travailler, je gâterais cet homme et lui offrirais toutes les choses qu’il aime. J’étais loin de me douter que le temps me faisait déjà la guerre. 

L’amour…

Bien que je fasse de mon mieux pour partager avec vous la profondeur de cet amour, les mots ne suffiront jamais. Mes proches en ont été témoins et l’ont vécu. Je ne me souviens pas d’une seule fois où il a parlé de moi ou m’a présentée à quelqu’un sans dire que j’étais sa fille. Ma mère disait toujours qu’à chaque fois que cet homme était là et que j’entendais sa voix, il ne fallait pas me chercher à la maison, parce que je serais toujours avec lui. Je pouvais être endormie et dès qu’il commençait à m’appeler à haute voix, je me réveillais et courais vers lui. Environ deux semaines avant sa mort, une de mes cousines m’a dit : “Tu aimes tellement cet homme que tu dois te préparer à son départ… ça va être dur pour toi”. Il était là et s’est mis à rire en disant : “Woy Koukous pam nan wi, kote l ap kapab.” (Ma Koukous, (le surnom qu’il me donnait) je ne pense pas qu’elle pourra surmonter ça). Il savait à quel point sa mort m’affecterait, mais il a quand même essayé d’en faire une blague, c’était sa personnalité. Encore récemment, mon père était au téléphone avec un de ses amis, je l’ai entendu dire “Ma fille est très affectée, elle vient de perdre son cavalier polka“. En effet, j’ai perdu une partie de moi, mon compagnon, mon complice.

La complicité…

En classe de Philo, les filles de ma promotion partaient en République Dominicaine et nous avions besoin de quelques parents pour nous accompagner. Je lui ai demandé s’il voulait se joindre à nous, il n’a pas hésité, il a tout quitté, son travail, sa famille et il a rejoint mes parents et est parti avec nous pour le voyage. Personne ne peut oublier comment il a rendu ce voyage amusant, depuis les trajets en bus jusqu’aux différentes catéchèses sur Dieu, le pardon et les péchés. Tous ceux qui me connaissent savent que je suis une passionnée du football et les gens sont souvent surpris de voir à quel point je m’y connais. Pour ceux d’entre vous qui ne le savaient pas, il en était la raison. C’était un fan inconditionnel de football, en particulier du Brésil, il vivait et dans ses veines coulait simultanément son sang et la Seleçao et c’était pareil pour moi. Il est impossible que je regarde un match du Brésil sans lui, que ce soit à 13 heures ou à 2 heures du matin, j’irais regarder le match là où il est. Soit je le regarde avec lui, soit je ne le regarde pas du tout. Depuis 2002, il m’a incontestablement transmis sa passion et je lui en suis éternellement reconnaissante. Lorsque je lui ai dit, en décembre, que j’allais cesser d’être une fan de football parce que j’avais l’impression que le niveau de stress était trop élevé, il a ri et m’a dit : “Ah ou pa pitit mwen vre, jis nan tonbo wi pit fim” (Ah, tu n’es pas vraiment ma fille). 

Symbole de force…

La première moitié de l’année a été extrêmement difficile, les trajets vers le travail et vers la maison devenaient pratiquement impossibles parce que nous vivions dans une zone assez paisible au départ qui a été ensuite placée sur liste rouge. Rentrer à la maison était la partie la plus stressante. Il nous attendait tous et se sacrifiait en choisissant d’être la première voiture dans la caravane (au cas où quelque chose arriverait) pour nous ramener à la maison en toute sécurité, à chaque fois. Je n’ai jamais rencontré quelqu’un comme lui, cet homme n’a jamais flanché, même lorsque nous étions confrontés à des épreuves et à des tribulations. Il croyait fermement que Dieu trouverait TOUJOURS une solution et qu’il n’avait pas à s’inquiéter de quoi que ce soit.

Ce texte est un tout petit point dans l’histoire d’un grand homme, un homme avec un grand H. Cet article représente mon hommage et l’histoire de nul autre que SERGO AUGUSTIN, mon Papigo, mon oncle, mon “sosye”, mon roc, l’un de mes personnes préférées, mon complice, un homme qui ne sera jamais remplacé, et dont l’absence sera toujours ressentie. Ah je suis sûre que les anges meurent de rire là-haut.

Avant de terminer, je tiens à remercier ceux/celles qui m’ont permis de rencontrer cet homme merveilleux : Mes grands-parents qui lui ont donné la vie et mon père qui m’a présentée à lui, son petit frère et complice que je lui ai volé. Ma tante Nancie, son épouse, mes cousins et cousines Vlad, Serj, Lolo et Tito, qui ont dû partager leur père avec moi et accepter qu’il m’aime comme si j’étais le sien.

Bien qu’il me manque énormément et qu’il me brise littéralement le cœur chaque fois que je pense à lui, une chose est sûre : c’est un amour dont je ne savais pas que j’avais besoin, mais qui a fait de moi la personne que je suis aujourd’hui. Son héritage ne vivra pas seulement à travers ses enfants, mais aussi à travers moi, à travers mes cousins et cousines et à travers chaque personne qu’il a rencontrée, car il a laissé son empreinte sur chacun d’entre nous.

Puisses-tu reposer dans la paix éternelle, Papigo. S’il te plaît, envoie-moi une once de la force que tu avais pour que je puisse continuer à vivre. A toi aussi Nainaine Nicole qui est partie beaucoup trop tôt, je me tournerai toujours vers toi lorsque je dois faire face à des situations stressantes, car tu avais toujours une solution et de bons conseils à me passer quand tu étais encore avec moi. Que ton âme repose également dans la paix éternelle. Je vous aime et vous me manquez énormément chaque jour 🕊️❤️.

C’est tout ce que j’ai pour aujourd’hui. J’espère que vous avez apprécié ma petite histoire et n’avez pas été déçu que l’article d’aujourd’hui soit un peu différent. En attendant la prochaine publication, restez en sécurité et soyez bénis… toujours !

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